La naissance d'Un chat dans ma cour
La courte et difficile vie de Tripod a inspiré la création de l’organisme Un chat dans ma cour. Pour vous faire connaître l’histoire de cette superbe chatte, rien de mieux qu'une lettre écrite par la fondatrice , alors qu'elle découvrait le monde merveilleux des passionnés du bien-être des animaux...
Ce n'est pas qu'un chat de gouttière
Vous verrez que je n'ai rien d'une écrivaine et n'ai ni l'intention de vous éblouir par les mots... J'ai seulement envie de partager avec vous qui aimez tant les chats, une tranche de vie féline :) Je dois l'admettre, l'aventure de cette chatte errante me touche tellement qu'elle est en train de bouleverser mon quotidien et de devenir mon symbole d'une communauté qui fait de ce monde, un monde meilleur. Grâce à elle, je découvre des gens au coeur gros comme la terre, loin des jeux de pouvoir et des allégeances politiques, prêts à se rallier pour sauver un petit être rempli d'une volonté incroyable de vivre...
Voilà! Tout a commencé avec ce chat errant, la patte avant gauche visiblement amochée, traînant sur mon patio en quête de nourriture, dimanche le 21 septembre dernier. Je vous jure que ça faisait vraiment pitié à voir! Ne sachant que faire et où m'adresser pour avoir de l'aide, c'est armée d'une conserve de thon d'une main et de mon téléphone intelligent de l'autre que je l'ai filmé. J'ai diffusé la vidéo sur ma page Facebook et, vive les médias sociaux, en moins de 24 heures, elle a été partagée plus de cent fois, attirant la sympathie de beaucoup de gens, m'inondant du coup de courriels venant de toutes parts dont quelques-uns de personnes familières avec les sauvetages d'animaux.
Suivant les conseils de l'un et de l'autre, c'est après avoir attrapé tous les chats du voisinage (que j'ai relâchés bien sûr) que j’ai finalement pu capturer ce pauvre chat, l'amener à Montréal où un vétérinaire nous attendait, accompagnée d'une femme passionnée et dévouée à la cause des chats en détresse : madame Cat-chat. Plusieurs surprises nous attendaient... Premièrement, ce chat errant, qui n'était pas un chat mais bien une chatte, était doux et aimable - une véritable perle!
Deuxièmement, elle venait d'avoir des chatons. Finalement, sa terrible blessure à la patte semblait être un vieil handicap; elle avait quatre tiques; mille puces et une énorme plaie dans la bouche. On l'a soignée du mieux qu'on a pu, vermifugée, débarrassée de ses quatre tiques, traitée contre les parasites, puis nous avons pris la déchirante décision de la ramener au point de départ, au risque de perdre sa trace, afin qu'elle puisse prendre soin de ses chatons et que, de mon côté, je puisse m'organiser pour retracer toute sa petite famille.
Moi qui pensais en ce lundi soir que ce chat de gouttière aurait trouvé un havre de paix et moi la tranquillité de mon compte Facebook, je m'étais bien trompée! Si la chatte n'avait pas eu de chatons, je ne l'aurais pas ramenée après une première visite chez le vétérinaire, je n'aurais pas écrit de lettre à mes voisins, je n'aurais pas distribué une centaine d'avis de recherche, je n'aurais rien su de sa vie dans le quartier, ni créé une page Facebook en son honneur; elle serait déjà dans un refuge et peut-être que personne n'aurait remarqué sa disparition.
Mais j'ai écrit des lettres, j'ai créé une page Facebook, j'ai marché dans les rues et j'ai jasé avec des voisins que je ne connaissais même pas après plus de 10 ans de voisinage. J'ai compris que cette chatte était une vraie battante, une habituée du quartier... Elle y était depuis environ 2-3 ans (peut-être même plus). J'ai appris que plusieurs la nourrissaient, que quelques-uns avaient tenté de l'attraper en vain, que tous trouvaient qu'elle faisait vraiment pitié et qu'elle avait déjà eu plusieurs portées.
D'ailleurs, j'ai vu quelques minitripodes à quatre pattes errer dans les rues que j'ai sillonnées et j'ai appris que son handicap datait de toujours et qu'elle semblait s'y être adaptée. Mais ce que j'ai découvert avant tout, c'est une incroyable armée de gens au grand coeur. Une armée beaucoup plus intéressante et captivante que toutes celles qui font les manchettes, composée d'amoureux des chats, de donateurs, de gens dévoués à la cause animale et de voisins ayant déjà fait plus que leur part pour venir en aide. Wow! Grâce à tous ces gens, nous avons maintenant la chance inouïe de pouvoir faire soigner la petite chatte, que j'ai nommée affectueusement Tripod, de la faire stériliser et de lui trouver un havre de paix (je considère de plus en plus devenir sa famille d'adoption afin qu'elle puisse continuer à vivre dans son secteur). Nous pourrons aussi faire vacciner, opérer et adopter ses chatons, encore faut-il retrouver sa portée. Voilà notre défi : ramener Tripod et ses chatons avant que le froid ne soit trop mordant.
Depuis une semaine, les voisins qui ont reçu mes lettres prennent des nouvelles sur Facebook - c'est donc tout un quartier qui communique ensemble et se mobilise pour retrouver la famille de Tripod la battante. Alors si vous circulez dans un endroit étrange où tous les gens ont la tête dans les bosquets, sous les balcons ou sous les cabanons, eh bien, il n'y a pas de doute, vous êtes près de chez moi!
Dans un monde où tout va mal, j'avais envie de partager cette histoire avec vous, en espérant qu'elle vous fasse le bien qu'elle me fait. Bien sûr, même si Tripod vient maintenant régulièrement déjeuner chez moi, nos recherches se poursuivent afin que cette histoire se termine bien.
- Geneviève, 2014
Suite de l'histoire (2016)
Tous les chatons de Tripod ont été retrouvés et adoptés; elle en avait cinq. Malheureusement, après avoir vécu près de six mois chez Geneviève, la belle Tripod a dû être euthanasiée, car elle souffrait d'une maladie grave, incurable et qu'elle était très souffrante. C'est donc en sa mémoire et parce que son histoire nous a ouvert les yeux sur un réel problème que quelques voisines se sont réunies pour fonder l'organisme Un chat dans ma cour!
À la mémoire de la belle Tripod xxx